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Un mythe littéraire qui s’effondre

Publié en 1948, Vipère au poing d’Hervé Bazin fut présenté comme un récit autobiographique, où l’auteur décrivait l’enfance martyrisée par sa mère, « Folcoche ». Le roman devint un succès immédiat : traduit dans une trentaine de langues, vendu à 5 millions d’exemplaires, étudié dans les collèges, il transforma Bazin en écrivain reconnu, président de l’Académie Goncourt durant vingt ans. Jusqu’à sa mort en 1996, il entretint l’idée que Folcoche n’était autre que sa mère, Paule Guilloteaux, érigée en symbole de la maltraitance.


La découverte d’une imposture

Une enquête de la journaliste Émilie Lanez (Folcoche, Grasset) révèle aujourd’hui que tout était faux. Loin d’être un témoignage de victime, Vipère au poing fut une machination. Hervé Bazin – de son vrai nom Jean Hervé-Bazin – n’était pas un enfant martyr, mais un jeune bourgeois versé dans la délinquance : voleur, faussaire, escroc multirécidiviste. Plusieurs fois interné en asile psychiatrique, condamné à de la prison ferme, il fut même placé sous tutelle judiciaire par décision familiale.


Paule Guilloteaux, une victime réhabilitée

À l’inverse, sa mère, la véritable Paule, apparaît dans la correspondance et les témoignages comme une femme timide, maladroite, issue d’une bourgeoisie ruinée. Rien à voir avec l’ogresse « aux seins acides » et « truie dévorant ses petits » décrite par son fils. Le roman fut écrit non pas en trois mois dans une fièvre créatrice, comme Bazin l’a toujours affirmé, mais en deux années, derrière les murs de la prison de Clairvaux, où il purgeait une peine de quatre ans.


Un projet de vengeance et d’argent

Dans ses lettres à son frère Pierre, Bazin écrit cyniquement : « Je me marre à l’idée de gagner de l’argent pour la première fois sur le dos de ma mère. » Le roman fut en réalité conçu pour salir sa famille et tenter de faire lever l’interdiction judiciaire qui pesait sur lui. L’imposture alla plus loin encore : devenu célèbre, Bazin s’inventa un passé de résistant et un fait d’armes en 1940 – alors qu’il se trouvait à Fresnes ou à Clairvaux durant la guerre.


Un silence complice

Pourquoi personne ne dénonça cette falsification ? L’article souligne que les preuves existaient depuis longtemps : archives judiciaires, dossiers psychiatriques, correspondance familiale, articles de journaux relatant ses escroqueries. Mais ni ses biographes, ni les universitaires, ni même sa propre famille n’ont osé contester cette légende. Dans un pays où « les écrivains sont rois », la version officielle de Bazin s’est imposée pendant près de 80 ans.


👉 L’enquête d’Émilie Lanez, publiée par Grasset, dévoile ainsi « les secrets de ce matricide littéraire » et retourne totalement le mythe de Folcoche : non pas une mère monstrueuse, mais une mère salie par le fils délinquant qui fit carrière grâce à elle.

Le Point

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