À Toulouse, dans la cité du Mirail, Safia (le prénom a été modifié) voit ses trois fils engloutis par le protoxyde d’azote. Ils ont commencé mineurs et consomment aujourd’hui quotidiennement. Crises, violences, accidents : cette mère quadragénaire se dit impuissante face à cette drogue qui détruit ses enfants à bas bruit.
Le soir, depuis la fenêtre de son logement HLM du grand Mirail, Safia reconnaît les basses sourdes qui montent du parking. La musique, installée comme une bande-son, accompagne les va-et-vient des dealers. Les trois fils, âgés de 16, 20 et 22 ans, les connaissent bien : ils s’approvisionnent là-bas depuis plusieurs mois.
Tous trois consomment du protoxyde d’azote. Ils ont commencé à “faire des ballons” mineurs. Safia, quadragénaire épuisée, raconte sa vie avec ce fléau qui a envahi son appartement : “À force de faire des ballons, ils dépensent des centaines d’euros. Moi, je jette les bonbonnes par la fenêtre. Je ne veux pas qu’ils touchent à ça, les neurones se crament toutes seules avec cette substance.“
Les mots se bousculent, entre colère et détresse. “Ils sont défoncés, ils font des crises à en perdre la tête. Ils deviennent violents, ils peuvent mal me parler. J’ai essayé de leur expliquer les risques, les dangers pour leur santé, mais ils ne veulent rien entendre. Ça me fait mal de les voir comme ça, mais on ne peut rien faire“. […]