Les résidences de Mjolnerparken, dans le nord de la capitale danoise, sont victimes de la politique de lutte contre des supposés «ghettos» menée par le gouvernement, qui a relogé sous la contrainte la moitié de leurs habitants. Certains d’entre eux mène une bataille juridique.
[…]Muhammad Aslam, conducteur de taxi sexagénaire arrivé au Danemark à 7 ans depuis le Pakistan, est devenu l’une des figures de la contestation contre ce plan de relogement visant deux des quatre bâtiments en enfilade qui forment Mjolnerparken, une décision prise par les autorités car la proportion de résidents «non occidentaux» dépassait les 50%. Ce seuil fait partie des mesures contenues dans un ensemble de textes connu sous l’idiome «paquet ghetto» adopté en 2018 par le gouvernement conservateur de Lars Lokke Rasmussen. Très controversées, ces lois ont été critiquées jusqu’à l’ONU, dont les rapporteurs spéciaux se sont dits «particulièrement préoccupés» par la situation des habitants du Mjolnerparken. Elles sont surtout attaquées en justice au Danemark par un groupe d’habitants dont fait partie Muhammad Aslam, pour obtenir leur annulation.
[…]En février, cette politique de mixité résidentielle à marche forcée a été décrite par l’avocate générale de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) comme un «dispositif qui utilise des concepts tels que les “immigrants et leurs descendants originaires de pays non occidentaux” [qui] doit être interprété comme une discrimination directe au sens de la loi». Pour Jens Kristian Lütken, maire adjoint de Copenhague chargé de l’intégration et de l’emploi, les évacuations ayant également concerné des Danois occidentaux, il n’y aurait donc pas eu discrimination.
Issu du même parti que l’ancien Premier ministre Rasmussen, Lütken assure que cette politique a porté ses fruits. «C’était une société parallèle où la plupart des habitants, d’origine immigrée, vivaient avec leurs propres valeurs basées sur la loi de la charia. Nous avons cassé cela», se félicite l’élu dans son bureau boisé, au cœur d’un imposant hôtel de ville en briques rouges. Et si certains de ces résidents «non occidentaux» avaient la nationalité danoise, peu importe: «Ce sont quand même des gens qui sont venus d’en-dehors du Danemark.
[…]En 2021 sur ARTE :
Au Danemark, pour lutter contre la création de “sociétés parallèles” dans certains quartiers, le gouvernement met en place des quotas maximum de personnes d’origine “non-occidentale”. Le projet suscite la controverse alors que les socio-démocrates au pouvoir se voient de plus en plus reprocher une dérive raciste.