Parmi les trésors disponibles dans Gallica, bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires, figure cette photographie du Sacré-Coeur en construction. Un chantier qui a commencé il y a tout juste 150 ans. (…)
Le 16 juin 1875, en accomplissement du vœu national de confier la France au Cœur de Jésus, la première pierre d’une immense église qui lui sera consacré est posée. L’église se dressera à l’endroit même d’un lieu sacré depuis des siècles, la butte Montmartre, à Paris.
Réponse à une blessure nationale, prière gravée dans la pierre, la construction du Sacré-Coeur va durer 44 ans. Depuis, jour et nuit, le Sacré-Coeur de Montmartre expose le Christ au monde. Pour cet anniversaire, le pape Léon XIV a accordé une bénédiction apostolique exceptionnelle. (…)

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre serait le monument le plus photographié de Paris. (…)
Colline sacrée depuis les temps les plus anciens, lieu du martyre de Saint-Denis, le site sélectionné pour bâtir ce monument est chargé d’histoire et de spiritualité. Y construire un édifice religieux en 1875 est un chantier herculéen. Aux manettes de ce défi, l’architecte Paul Abadie, disciple de Viollet-le-Duc, dont le projet est choisi parmi 78 propositions soumises à un jury.
Sa proposition est osée : une église de style romano-byzantin, inspirée des basiliques Sainte-Sophie de Constantinople et Saint-Marc de Venise. Le 16 juin 1875, la première pierre est posée. Les fondations à elles seules nécessitent deux ans de travail : 83 puits de fondation de 33 mètres de profondeur sont creusés pour assurer la stabilité de l’édifice.
Le financement participatif dure tout au long des quarante années de chantier. Dix millions de personnes – cela représente à l’époque près d’un tiers de la population française ! – permettent de réunir la somme de 46 millions de francs. Chaque donateur peut, selon ses moyens, offrir une pierre ou une colonne. Partout dans la basilique et dans la crypte, des noms de famille gravés sur les pierres rappellent cet élan de générosité. (…)
Les origines de la butte Montmartre remontent à l’Antiquité, à une époque où le polythéisme et la religion païenne s’imposaient à tout un chacun. Ainsi, la butte Montmartre était dédiée au dieu romain Mercure (Hermès chez les Grecs) : messager des dieux, en particulier de Jupiter (Zeus), Mercure est aussi le dieu des voyageurs et des commerçants. C’est lui qui conduit les âmes des défunts aux Enfers, où les trois juges — Minos, Rhadamanthe et Eaque — décident de la destination finale attribuée à chaque âme.
À cette époque, la butte Montmartre était exploitée pour l’extraction du gypse qui permettait notamment de fabriquer du plâtre. Au IIIe siècle, la butte est devenue le symbole des martyrs, surnommée Mont des martyrs : Montmartre abrita ainsi la dépouille de Saint-Denis, premier évêque de Paris, jusqu’au début du Vie siècle.
Par la suite, des abbayes, des couvents et autres lieux de pèlerinage associés au culte catholique seront érigés au sommet de la butte Montmartre : le roi Henri IV séjournera à l’abbaye royale en son temps, à une période où Montmartre était alors située à l’extérieur de Paris (localité indépendante, Montmartre ne sera rattachée à la capitale qu’en 1860).
Si les origines de la butte Montmartre remontent à des milliers d’années, l’inconscient collectif a néanmoins toujours tendance à ne retenir qu’un seul événement : la Commune de Paris. (…)