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Pour répondre au désintérêt des élèves pour les œuvres au programme, l’Éducation nationale mise sur des lectures contemporaines, jugées plus accessibles. Une parade efficace ?

La Peau de Chagrin, Gargantua, Manon Lescaut… Les élèves lisent-ils les œuvres au programme ? « C’est la question lancinante que se posent les enseignants » , glisse Maïté Eugène, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation. En dix-huit ans de carrière dans l’enseignement, le doute l’a souvent traversée : «Combien de fois me suis-je demandé, lors des oraux de l’épreuve anticipée de français : l’élève a-t-il vraiment lu le livre dont il parle ?» Souhaitant comprendre le cas des «non-lecteurs scolaires» , elle a alors mené l’enquête. Les résultats sont éloquents. Dans une classe de Seconde où cinq œuvres étaient prescrites, seuls six élèves sur trente-cinq avaient lu l’ensemble du corpus. Cinq n’avaient pas ouvert un seul livre. Quant aux autres, leur engagement variait selon les œuvres.  […]

«Le verbe lire ne se conjugue pas à l’impératif!» , mettait en garde Daniel Pennac dans Comme un roman. Même parmi les élèves appliqués, les lectures imposées n’ont jamais fait l’unanimité. Mais jadis, ceux-là mêmes qui grinçaient des dents n’avaient d’autre choix que d’aller acheter les «profils d’une œuvre» en librairie ou de les emprunter en bibliothèque s’ils voulaient se soustraire au pavé de lecture. «Désormais, il leur suffit d’aller taper Le colonel Chabert résumé dans ChatGPT ou leur barre de recherche. Ils s’en contentent» , regrette Maïté Eugène. […]

À force de vouloir tout faire à la fois, l’institution s’égare. Xavier-Laurent Salvador a des mots forts : «On va dire aux élèves qu’on étudie les livres de tel auteur parce qu’il est admirable. Pourquoi est-il admirable ? Parce qu’il a des idées, des idées sociales, un engagement politique. C’est du vent, on est dans la sociologie ! Non, ce n’est pas parce qu’un auteur défend une cause qu’il produit de la littérature.» […]

Le désintérêt pour les lectures imposées ne fait que suivre le courant de la chute de la lecture des lycéens pendant leur temps libre. Comment s’étonner que les quelque cinq cents pages de La Peau de Chagrin de Balzac, inscrites au programme des classes de Première cette année, ne fassent pas l’unanimité chez une génération bercée par l’instantanéité et le règne de l’image ?Comme le révélait récemment le Figaro à partir d’une étude commandée par le Centre national du livre, les 15-19 ans cumulent en moyenne 5h19 d’écran par jour contre seulement 3h18 de lecture…par semaine. Quant au genre préféré des adolescents, 47% lisent de la «new romance», et plus d’un quart de la «dark romance», sous-genre mêlant sexualité, violence, humiliation voire emprise ou viol. […]

Le Figaro

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