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Le logiciel parisien d’affectation des élèves des collèges vers les lycées, Affelnet,  est une véritable boîte noire. Les notes des collégiens y sont à peine prises en compte, de quoi leur ôter tout goût du travail.

Pour la cinquième année les portes des meilleurs lycées se ferment, de plus en plus ouvertement, aux élèves méritants : par une savante mécanique de « points » – le choix du mot n’est pas dépourvu de perversité – les notes ne pèsent plus grand-chose dans le processus de « sélection » qui préside à la répartition des collégiens dans les différents établissements. Comme toute bonne duperie, le système d’affectation des élèves se caractérise par sa complexité et son opacité : une boîte noire dans la laquelle les familles déposent, au mois de mai, tremblantes, leurs « voeux » comme on fait une offrande à un dieu vengeur dont on craint, impuissant, les foudres. Même les parents les plus aguerris y perdent leur latin. […]

On pourrait, logiquement, penser que les résultats scolaires sont au coeur de ce grand chamboule-tout. Il n’en est rien. Le rectorat leur préfère désormais de tout autres critères, et nourrit notamment la machinerie Affelnet d’une magnifique trouvaille : l’IPS, un « indice de position sociale » , calculé d’après la profession des parents. Cet indicateur – longtemps resté secret, ce qui n’incite jamais à la confiance – initialement destiné à affiner les politiques de dotations des établissements, fait l’objet de sévères critiques, y compris parmi les ardents défenseurs de la mixité sociale, pour sa grande imprécision – son caractère déclaratif, ses catégories particulièrement lâches.

Qu’à cela ne tienne : un IPS est donc attribué à chaque élève (156 si ses deux parents sont cadres d’entreprises, 54 s’ils sont tous les deux au chômage, etc.) et la moyenne des indices des élèves définit l’indice de chaque établissement. Et voici la suite : un élève issu d’un établissement à faible IPS gagne des « points bonus » , qui viendront nourrir l’algorithme d’Affelnet. Ces « bonus » sont en réalité décisifs : ils écrasent l’effet des notes. Les spécialistes ont calculé qu’avec un « bon » IPS, un élève affichant une moyenne inférieure à 5/20 peut être aussi bien classé qu’un premier de classe, caracolant à 20/20, mais doté d’un « mauvais » IPS (c’est-à-dire issu d’un collège plus favorisé). La baguette magique de l’Éducation nationale maquille ainsi les derniers en premiers – une technique dont la vocation – affichée, elle – est d’araser les lycées de tête de cordée. L’exemple est ici parisien, mais la logique et l’idéologie qui la sous-tend, elles, sont nationales.  […]

La terrible conclusion qui s’impose est que l’élève n’a, désormais, que peu de prise sur son destin scolaire : sa chance d’intégrer un bon lycée – qui elle-même conditionne l’accès aux études secondaires – n’est que très peu corrélée à ses résultats. Y a-t-il meilleure façon de décourager le goût du travail, et de décrédibiliser les enseignements ? Le privé s’impose aujourd’hui comme le dernier refuge des familles : il ne faut pas chercher plus loin l’offensive virulente dont il fait aujourd’hui l’objet. […]

Le Figaro

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