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« On ne fait rien, on survit » : les policiers du Gard face à une violence de plus en plus présente. Un manque criant de moyens, des effectifs réduits, une justice jugée trop indulgente et un profond sentiment d’abandon. « La peur des sanctions administratives est constante. »

Dans le Gard, comme ailleurs en France, les faits divers violents se multiplient. Le syndicat majoritaire de la police dans le département dresse un constat alarmant.

« C’est une catastrophe, le monde devient complètement fou. » Par ces mots, le syndicat Alliance Police Nationale résume une situation jugée de plus en plus intenable. Ces derniers jours, l’actualité locale a été marquée par une série d’événements graves : un meurtre dans une mosquée (par un Rom d’origine bosnienne – lien FdeSouche), une agression à caractère antisémite (lien FdeSouche), une attaque contre un policier lors d’une intervention près d’une station-service, entre autres. Autant d’épisodes qui, selon le syndicat, illustrent une dégradation généralisée du climat sécuritaire et un sentiment d’impuissance institutionnelle dénoncé de longue date.

Effectifs réduits, matériel obsolète…

À Nîmes comme dans le reste du département, près de 90 % des policiers seraient aujourd’hui « à bout », selon les représentants locaux. En cause : un manque criant de moyens, des effectifs réduits, une justice jugée trop indulgente et un profond sentiment d’abandon. « Parfois, pour toute la ville de Nîmes, un seul véhicule est disponible la nuit », alerte Mélissa, responsable de l’antenne ANPN 30.

Cédric et Jenni, également membres du syndicat, pointent l’évolution des politiques pénales : « Avant, le port d’un couteau relevait du délit, traité au commissariat. Aujourd’hui, c’est une simple amende. On banalise les faits. La justice est hors-sol. »

Les départs à la retraite non remplacés, combinés à une délinquance de plus en plus armée, rendent les missions presque impossibles.

Autre source d’inquiétude : des équipements jugés inadaptés. « Nos gilets pare-balles ne résistent pas aux kalachnikovs. Parfois, il vaudrait mieux ne pas les porter : ils pourraient aggraver les blessures », déplore un policier. Dans le Gard, les premiers drones viennent tout juste d’être commandés, alors que les trafiquants en font usage depuis des années. « On a dix ans de retard », résume l’un des fonctionnaires.

Le climat sécuritaire se tend jusque dans les établissements scolaires. Après le drame survenu au collège Saint Jean-Baptiste de La Salle (lien FdeSouche), où un adolescent a été poignardé, policiers et gendarmes multiplient les patrouilles, procèdent à des fouilles approfondies et sécurisent désormais certains lieux de culte, répondant à une demande croissante de présence.

Une délinquance en mutation

Les lois, selon les policiers, ne suivent pas l’évolution de la délinquance. « Les mineurs d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux des années 90. Ils baignent dans une violence permanente à travers les réseaux sociaux. Faire le buzz est devenu une fin en soi. C’est un vrai problème d’éducation », note une fonctionnaire.

Autre phénomène préoccupant : la prostitution de mineures dans certains quartiers. « Les filles ne vont jamais dans les réseaux de drogue, alors on les fait tapiner. Et ça ne les choque même pas. Seul l’argent compte. »

La violence se féminise, l’économie parallèle recrute de plus en plus tôt. « Avant, on envoyait les enfants à la mine. Aujourd’hui, ils tombent dans les trafics. C’est l’argent facile… »

À Nîmes, les règlements de comptes se succèdent. « Un contrat peut se négocier à 4 000 euros pour tuer quelqu’un. C’est moins cher que dans une grande ville, mais la mafia marseillaise cherche à prendre le contrôle. À chaque tête qui tombe, une autre surgit. »

La violence à l’encontre des forces de l’ordre augmente aussi. « Il n’y a plus aucun respect. Ils n’ont pas peur de nous et se félicitent même de nous attaquer », confie l’un des policiers.

Un malaise profond, sans réponse politique

Autre point de rupture : des établissements pénitentiaires jugés trop confortables. « Il faut leur donner une vraie raison de ne pas y retourner. Certains ont Netflix, vont au cinéma… Pendant ce temps, nos anciens finissent en EHPAD dans la misère », soupire un agent.

Sur le terrain, les policiers disent parfois hésiter à intervenir comme ils le souhaiteraient. « On travaille avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. La peur des sanctions administratives est constante. »

L’image de la police se dégrade, la vocation s’effrite. « Être flic, ce n’est plus à la mode. On passe pour des fainéants alors qu’on gère des affaires de meurtre avec trois bouts de ficelle », lâche Mélissa Gill.

Le constat est partagé, même si les ressentis varient selon les agents. Tous se disent « au bord du rouleau » et quotidiennement stressé. À ce jour, aucune solution concrète ne semble émerger. « Il faut des lois. Certaines existent, mais ne sont pas appliquées… Les politiques doivent s’en saisir, mais ils n’ont pas la réalité du terrain. »

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