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18/08/2022


Fourniture d’« armes » et collecte de « renseignements au profit des groupes terroristes »« espionnage » et « intimidation » des forces armées maliennes (FAMa)… Dans une lettre adressée, lundi 15 août, au président (tournant) du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur chinois Zhang Jun, Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne, a multiplié les accusations à l’encontre de la France. Le même jour, dans le nord du Mali, le dernier soldat de l’opération « Barkhane » quittait la base de Gao, après plus de neuf années d’interventions menées au nom de la lutte antiterroriste.

Ce courrier de trois pages, consulté par Le Monde, détaille des « actes d’agression » supposés commis par les forces françaises. La junte, au pouvoir depuis le double coup d’Etat d’août 2020 et de mai 2021, affirme avoir « enregistré plus de cinquante cas délibérés de violation de l’espace aérien malien par des aéronefs étrangers, notamment opérés par les forces françaises », depuis le début de l’année.

Ces dernières se voient reprocher des « actes d’indiscipline caractérisés par des refus d’obtempérer aux instructions des services de contrôle aérien », de falsification de documents de vols ou encore d’entrave à la circulation de l’aviation militaire malienne, et ce, « tout au long du processus de transfert aux autorités maliennes de l’espace aérien du Nord, depuis l’annonce du retrait de “Barkhane” [au mois de février] ».

Les accusations vont beaucoup plus loin que ces actes supposés d’indiscipline aérienne. Le gouvernement du Mali affirme, en effet, qu’il « dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes (…) ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant au Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions ». Sans toutefois avoir, pour l’heure, livré une seule preuve au Conseil de sécurité. En guise de conclusion, Abdoulaye Diop prévient qu’en cas de « persistance de cette posture qui porte atteinte à la stabilité et à la sécurité du pays [le Mali se réserve] le droit de faire usage de la légitime défense ».

« Un palier dans le rocambolesque »

L’Elysée balaie d’un revers de main ces attaques : « La junte franchit un palier dans le rocambolesque et l’invraisemblable en portant des accusations évidemment sans fondement. » Les seules activités d’ordre sécuritaire menées lors du retrait de « Barkhane » consistaient « à sécuriser les derniers convois militaires français de l’opération quittant le Mali, à surveiller les activités des terroristes et à cibler des hauts cadres des deux principaux groupes [le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (affilié à Al-Qaida) et l’organisation Etat islamique au Grand Sahara] », précise la présidence.

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Le Monde


17/08/2022

Le Mali est désormais seul face à ses choix. Face aux groupes djihadistes du RVIM, lié à al-Qaida, et de l’EIGS, affilié à Daech, Bamako ne pourra plus compter sur l’appui de la force Barkhane, qui a retiré lundi ses derniers soldats. Dans un «ordre du jour», le chef d’état-major des armées, le général Burkhard a rendu hommage aux militaires français qui ont combattu «sans relâche» et «dans des conditions souvent éprouvantes» contre ces groupes terroristes qui contrôlaient, en 2013, «la moitié du territoire malien» et qui menaçaient d’abattre son État. Les mots soulignent en creux l’ingratitude de Bamako et de la junte au pouvoir qui préfère, depuis un an, l’alliance avec la Russie pour protéger son pouvoir. Début août, le colonel Goïta s’est entretenu avec le président russe, Vladimir Poutine. Les forces armées maliennes n’ont pas commenté le retrait français.

La guerre qu’elles devront mener contre les djihadistes s’annonce violente. En juillet, les groupes liés à al-Qaida ont mené plusieurs actions coordonnées, dont une à Kati, aux portes du pouvoir à Bamako, comme un défi à la junte. Ce week-end, sur les réseaux sociaux, ils revendiquaient des morts infligés aux mercenaires de Wagner. La milice, qui disposerait d’un millier de combattants désormais dans le pays, appuie les opérations des forces armées maliennes. Mais celles-ci se soldent par de nombreuses pertes dans les populations civiles. Ces exactions donnent autant d’arguments de recrutement pour les groupes djihadistes. «La capacité de recrutement est infinie», s’inquiète-t-on au sein de l’armée française.

«On voit mal comment les Fama et Wagner vont empêcher la marée de remonter», disait-on au sein de l’état-major des armées au début de l’été. Les militaires français, telles des Cassandre, annoncent une dégradation sécuritaire inéluctable au Mali. L’État islamique au Grand Sahara, affaibli après le «surge» de 2020 «montre de premiers signes de régénération», disait-on aussi. Début août, 42 militaires maliens sont morts lors d’une attaque à Tessit, attribuée à l’EIGS. Le bilan souligne l’impréparation et la fragilité des forces maliennes.

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Le Figaro

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