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Dans le hall de l’aéroport de Roissy, des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) scrutent l’arrivée d’un vol en provenance de Turquie. Une femme aux yeux bleus perçants sort de l’avion avec ses enfants. Il est 6h55 ce 10 août et les enquêteurs viennent de mettre la main sur l’une des Françaises ayant passé le plus de temps au sein de l’État islamique (EI). Lolita C., 32 ans, expulsée par la Turquie, est placée en garde à vue. Ses quatre enfants, dont deux filles nées dans l’enfer syrien, sont confiés à l’aide sociale à l’enfance.

Le 13 août, Lolita C. a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste et placée en détention provisoire, confirme le parquet national antiterroriste (PNAT). De Rennes (Ille-et-Vilaine) au camp kurde d’Aïn Issa en passant par la dernière poche de résistance de Daech à Baghouz, son parcours offre une plongée vertigineuse dans les sept dernières années de l’EI.

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Un ordinaire entre lavage de cerveau et habitude de l’horreur. « Tu crois vraiment que je vais revenir avec tous ces sales kouffar (NDLR : mécréants), écrit Lolita à sa sœur qui lui demande de rentrer en France en août 2017. Tu payes les missiles qui nous bombardent en faisant tes courses. Je resterai jusqu’à la mort. Selim* (son fils aîné) deviendra un moudjahidine. C’est le martyr que je veux pour lui comme pour moi. » En Syrie, le petit garçon a subi l’endoctrinement et l’entraînement au maniement des armes au sein des Lionceaux du Califat, l’armée d’enfants voulue par Daech. Ces derniers jours, il a raconté aux enquêteurs qu’il n’était « pas malheureux, mais que des fois, je voulais revoir la France. » Il a aussi livré qu’à Baghouz en mars 2019, lors de la chute de Daech, « ça bombardait. Oui, j’ai assisté à des bombardements, surtout sur les voitures mais aussi sur les maisons. »

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Après un an de captivité et l’expulsion vers la France, face à la DGSI, Lolita C. pleure. Elle clame sa volonté de « repartir à zéro » et regrette d’avoir brisé la vie de ses enfants. Contacté, son avocat, Me Mourad Battikh, estime que Lolita C. « est une jeune femme partie vers une quête d’idéal. Elle est aujourd’hui revenue à la raison. À la recherche d’une vie normale. Il faut que la France puisse être en mesure de tendre une main républicaine à celles qui comme ma cliente souhaitent se réintégrer positivement au tissu social ».

Le Parisien

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