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Algérie : après les violentes agressions et le viol de neuf institutrices, des dizaines d’enseignantes terrorisées fuient Bordj Badji Mokhtar

La famille de l’éducation ne décolère à Bordj Badji Mokhtar, une commune située à la frontière du Mali, à 2200 kilomètres au sud d’Alger. Aujourd’hui, cinquante sept enseignantes, tout cycle confondu, ont quitté la ville par avion, trente huit autres ont pris le risque de faire le voyage par route, jusqu’à Adrar (770 km en grande partie en piste), dans des camions, et vingt autres sont parti mercredi dernier, fuyant le climat de terreur, qui règne depuis l’agression menée en pleine nuit, contre neuf institutrices à l’intérieur de l’école N°10 de Bordj Badji Mokhtar, où elles enseignent.

Tous les syndicats de l’éducation ont décidé d’arrêter les cours dans tous les établissements de la wilaya d’Adrar et de Bordj Badji Mokhtar, et d’organiser des rassemblements de protestation tous les jours de la semaine, jusqu’à ce que le ministre de l’éducation se déplace sur les lieux. Dans le cas échéant, ils annoncent le boycott de tous les examens.

Ces femmes n’arrivent plus à supporter les menaces dont elles font l’objet depuis prés de trois ans sans que les autorités ne daignent prendre les mesures nécessaires. Durant ces trois dernières années, les agressions, les attaques, les vols et les intimidations ciblant les enseignantes et à un degré moindre leurs collègues hommes, sont devenus légion.

«Ces institutrices ont vécu l’horreur et cet horreur n’est pas encore terminé. Elles continuent à recevoir des menaces et de représailles parce qu’elles ont reconnu et identifié, deux de leurs agresseurs devant les gendarmes. Elles font l’objet d’une campagne de dénigrement et de haine sur les réseaux sociaux, depuis qu’elles ont parlé des tortures et des violences qu’elles ont subies. […] », affirme Halima. Elle n’est pas la seule.

Témoignage de Halima Ahssini, chargée de la commission femme au Syndicat national des travailleurs de l’éducation pour la wilaya d’Adra.

N’osait-elle pas parler des violences sexuelles qu’elles ont du subir ?

Elles n’arrivaient pas à en parler. J’ai insisté et elle a fini par me lancer : « crois tu qu’un voleur resterait deux heures à tourner en rond ? Ils nous ont alignées et prenaient à chaque fois une d’entre nous seule vers la chambre. Ils ne sont pas venus pour voler ». Puis elle a éclaté en sanglot. Elle n’arrivait plus à parler. La petite fille de 18 mois, qui était avec sa mère hospitalisée, n’arrêtait pas de pleurer. L’une d’entre elles a tenté de repoussé violement de la main, son agresseur, elle a reçu un coup de couteau dans la main. Elle ne pouvait même pas crier de peur, que le deuxième qui tenait le bébé, fasse du mal à ce dernier. On ne sort pas indemne d’une telle tragédie.

Les agresseurs ne sont pas étrangers à la ville. Ils sont connus des services de sécurité. Ce sont des récidivistes et n’ont jamais été inquiétés. Ils n’ont été appréhendés qu’en fin de journée. De telles agressions sont légions à Bordj Badji Mokhtar.

El Watan / FranceInfo

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