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16/01/2022

[Batya Ungar-Sargon a quitté la mouvance woke et a écrit un livre sur les dangers de cette idéologie dans le journalisme. Elle écrit aujourd’hui pour Newsweek. Elle parle des raisons de son évolution, et donne des conseils pour parler aux woke dans cet entretien jusqu’à 3’16. Elle désigne l’étude ci-dessous comme un des grands facteurs de sa sortie de l’idéologie woke.]

Je pense que mon “déprogrammage” a commencé avec les deaths of despair [NdeFDS: morts des Américains pauvres par suicide, overdose ou problèmes liés à l’alcool] et tous les soirs sur CNN je voyais les personnes que nous avions abandonnées, qui littéralement se tuaient car elles ne voyaient pas de futur pour elles dans ce pays, être moquées sur CNN, être qualifiées de racistes dans le New York Times. Et ça me perturbait, pourquoi n’avons-nous donc pas de compassion pour eux?

Et la deuxième chose je dirais que c’est cette étude de Yale de 2018 (…) où ils trouvent que les Blancs progressistes abaissent leur niveau de vocabulaire lorsqu’ils parlent aux Noirs et aux Latinos tandis que les Blancs conservateurs ne le font pas.

Les gens me demandent souvent comment est-ce que je peux convaincre les gens de ne plus être woke ? Et ce que je leur réponds c’est qu’on ne peut pas vraiment changer leur esprit avec de l’information, nos cerveaux ne sont pas câblés pour cela. Ce que vous pouvez c’est être une personne si humble et si vertueuse(…) qu’une personne qui n’est pas d’accord avec vous ne pourra plus dire que les personnes qui pensent comme vous sont toutes racistes et malveillantes.


28/11/2018

Les préjugés raciaux peuvent désavantager les personnes de couleur lorsqu’elles passent une entrevue pour un emploi, achètent une maison ou interagissent avec la police. De nouvelles recherches suggèrent que les préjugés peuvent aussi façonner les interactions quotidiennes entre les minorités raciales et les Blancs, même ceux qui ont tendance à être moins biaisés.

Selon une nouvelle étude de Cydney Dupree [Photo], professeur adjoint de comportement organisationnel à Yale, les blancs de gauche ont tendance à minimiser leur propre compétence verbale dans les échanges avec les minorités raciales, contrairement aux autres Américains blancs agissant dans ces mêmes échanges. L’étude devrait être publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology.

Alors que de nombreuses études antérieures ont examiné le comportement des personnes qui ont des préjugés raciaux dans des contextes multiraciaux, peu d’entre elles ont étudié comment des Blancs bien intentionnés interagissent avec des personnes d’autres races. “Il y a moins de travail qui explore la façon dont les Blancs bien intentionnés essaient de s’entendre avec les minorités raciales”, dit M. Dupree. “Nous voulions connaître leurs stratégies pour accroître les liens entre les membres de différents groupes sociaux et leur efficacité.”

Dupree et sa coauteure, Susan Fiske, de l’Université de Princeton, ont commencé par analyser les mots utilisés dans les discours de campagne prononcés par les candidats démocrates et républicains à la présidence devant différents publics au fil des ans. Elles ont numérisé 74 discours prononcés par des candidats blancs sur une période de 25 ans. Environ la moitié d’entre eux s’adressaient à un public majoritairement minoritaire (lors d’une table ronde de petites entreprises hispaniques ou d’une église noire par exemple). Elles ont ensuite comparé chaque discours prononcé devant un auditoire majoritairement minoritaire avec un discours comparable prononcé devant un auditoire majoritairement blanc (dans une église ou une université majoritairement blanche, par exemple). Les chercheuses ont analysé le texte de ces discours pour deux mesures : les mots relatifs à la compétence (c’est-à-dire les mots relatifs à la capacité ou au statut, tels que “assertif” ou “compétitif”) et les mots relatifs à la chaleur (c’est-à-dire les mots relatifs à la convivialité, tels que “solidaire” et “compatissant”).

La chaleur, liée aux intentions envers les autres, et la compétence, liée à la capacité de réaliser ces intentions, sont deux dimensions fondamentales de la façon dont nous voyons les autres et dont nous nous présentons dans les interactions sociales. Les représentations stéréotypées des Noirs américains montrent généralement qu’ils sont moins compétents que leurs homologues blancs, mais pas nécessairement moins amicaux ou chaleureux, explique Dupree.

L’équipe a constaté que dans leurs discours, les candidats démocrates utilisaient moins de mots liés à la compétence face à un public majoritairement issu des minorités que face à un public majoritairement blanc. La différence n’était pas statistiquement significative dans les discours des candidats républicains, bien qu'” il était plus difficile de trouver des discours prononcés par des républicains devant des auditoires minoritaires “, note Dupree. Il n’y avait pas de différence entre les démocrates et les républicains quant à l’usage des mots liés à la chaleur. “C’était vraiment surprenant de voir que pendant près de trois décennies, les candidats démocrates à la présidence se sont engagés dans ce comportement anticipé.”

Fortes de ces preuves préliminaires, les chercheuses ont entrepris de tester leurs idées plus en profondeur.

Elles ont conçu une série d’expériences au cours desquelles on a demandé aux participants blancs de répondre à un partenaire hypothétique (supposé réel). Pour la moitié de ces participants, leur partenaire a reçu un nom stéréotypé blanc (comme “Emily”) ; pour l’autre moitié, leur partenaire a reçu un nom stéréotypé noir (comme “Lakisha”). On a demandé aux participants de choisir parmi une liste de mots pour envoyer un courriel à leur partenaire. Pour certaines études, ce courriel était destiné à une tâche liée au travail ; pour d’autres, ce courriel servait simplement à se présenter. Chaque mot avait déjà été noté en fonction de sa chaleur ou de sa compétence. Le mot “triste”, par exemple, n’est pas bien coté ni en termes de chaleur et ni en termes de compétence. “Mélancolie” en revanche, a obtenu une note élevée pour la compétence et une note faible pour la chaleur.

Les participants se sont également livrés à diverses mesures pour évaluer leur positionnement politique.

Les chercheuses ont constaté que les personnes de gauche étaient moins susceptibles d’utiliser des mots donnant l’impression qu’ils sont très compétents lorsque la personne à qui elles s’adressaient était présumée noire plutôt que blanche. Aucune différence significative n’a été observée dans le choix des mots des conservateurs en fonction de la race présumée de leur partenaire. “Ce fut une surprise désagréable de voir cet effet subtil mais persistant “, dit M. Dupree. “Même si c’est au final bien intentionné, ça pourrait être considéré comme de la condescendance.”
(…)

Yale Insight

Hier sur Fdesouche :

“Seules 17% des institutions antiracistes comptent un·e ou des Afro-descendant·e·s au sein de leur équipe, 83% d’organisations antiracistes n’engagent pas de Noirs”

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