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Les métropoles sont-elles en train de devenir des oasis pour les seuls gagnants de la mondialisation ? La maire de Paris livre ses réflexions et ses regrets.

Attentats, inondations, crise migratoire, climat, Airbnb, trottinettes, colère des gilets jaunes sur fond de grands travaux du réseau de transports… Rien n’aura été épargné aux Parisiens et à leur maire ! Depuis qu’Anne Hidalgo a pris ses fonctions à l’Hôtel de Ville en 2014, Paris a changé. Comme toutes les métropoles, elle doit s’adapter à son époque, au risque parfois de verser dans la caricature de ville mondialisée, loin, très loin des préoccupations du pays. La métropolisation de la France transforme l’identité de Paris : les classes moyennes disparaissent et le tourisme révèle un visage pas toujours heureux pour les Parisiens.

Les Vélib’ font l’objet d’un taux de vandalisme phénoménal. C’est aussi le cas des métros, des bus, des trottinettes et du mobilier urbain… Comment lutter contre ce phénomène ?

C’est très français et très inquiétant. Au début du Vélib’, il a fallu changer les 20 000 vélos dans les trois premières années d’exploitation. Le phénomène se reproduit avec le nouveau Vélib’ et s’étend à l’ensemble de l’espace public… C’est une question d’éducation : les représentations collectives ont tendance à valoriser ceux qui transgressent et à ringardiser ceux qui respectent les règles. Ce n’est pas être un has been de respecter les règles, c’est être citoyen ! On avance souvent l’explication d’un prétendu caractère latin des Français, mais je n’y crois pas. Quand je vais dans le sud de l’Espagne, d’où je suis originaire, ça ne se passe pas comme ça. [..]

Le Paris populaire a disparu : ouvriers, infirmiers, policiers ou profs n’ont plus les moyens d’habiter dans la capitale. Une disparition inéluctable ?

Paris a toujours été une ville de locataires ! La majorité de l’habitat parisien est mobile… Je réfute cette idée que les métropoles devraient devenir des oasis pour les seuls gagnants de la mondialisation. Si on ne régule pas et qu’on laisse le marché totalement libre, Paris ne pourra plus être habité par des classes moyennes et populaires. A Londres, en 2001, le parc social a été vendu et, depuis, même les classes moyennes ne peuvent plus y habiter. A Paris, malgré les oppositions virulentes, on a mené une politique volontariste de mixité sociale. On a créé 100 000 logements sociaux depuis 2001. Près de 550 000 personnes vivent dans le parc social parisien, seule une petite fraction de ces gens aurait pu habiter Paris si l’on n’avait pas mené cette politique. […]

On voit des « poches populaires » en pleine gentrification comme à Barbès ou à La Chapelle. Cela entraîne des frictions entre riverains et populations défavorisées. Faut-il s’attendre à une ville de plus en plus conflictuelle ?

Nous sommes une ville très mixte, très cosmopolite, avec des gens de toutes les origines, de toutes les religions, de tous les âges… et une grande densité de population ! Nous menons un travail pour bien vivre ensemble, grâce à un réseau de proximité qui permet de maintenir les conditions d’une vie de qualité dans les quartiers-villages. […]

Le Point

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