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Eric Fassin participe jeudi au débat sur le racisme organisé au musée du quai Branly en partenariat avec le CNRS. En attendant, le sociologue répond aux questions de 20 Minutes pour dresser un panorama du racisme en France.

Quelles formes prend le racisme en France en 2012?

Aujourd’hui, la question du racisme ne se pose plus dans les mêmes termes qu’hier. Il s’agit moins d’un racisme d’en bas, populaire, et davantage d’un racisme d’en haut, d’Etat. Par exemple, Brice Hortefeux, alors ministre, a été condamné pour injure raciale [avant d’être relaxé en appel]. Ce n’est pas un problème individuel: la politique actuelle entraîne une racialisation de la France, en opposant à l’immigration une identité nationale blanche.

Est-il du coup plus difficile à combattre?

L’anti-racisme ne doit plus seulement combattre le racisme idéologique, mais aussi les discriminations systémiques, qui dépassent les intentions et les idéologies. Prenons deux exemples: les journalistes et les universitaires. Dans les deux cas, presque tout le monde est anti-raciste, mais tout le monde ou presque est blanc.

Mais la discrimination positive n’entretient-elle pas une certaine forme de racisme?

On touche ici au paradoxe minoritaire cher à l’historienne féministe américaine Joan Scott. Les minorités prennent la parole «en tant que» pour ne plus être traitées «en tant que». Il est trop facile d’y dénoncer une contradiction qui est en réalité inscrite dans notre société: on prône l’universalisme républicain, mais on pratique la ségrégation. Comment parler de discriminations raciales sans parler de catégories raciales? (…)

20 minutes

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