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Les 12, 13 et 14 octobre, le Collège de France consacre son colloque de rentrée aux migrants. Il sera question, notamment, de « redonner sens aux valeurs philosophiques de l’hospitalité ». L’un des intervenants, l’anthropologue Michel Agier, explique à “l’Obs” pourquoi il faut combattre les stéréotypes et “les narrations empoisonnées”.

Le colloque «Migrations, réfugiés, exil», coordonné par l’historien Patrick Boucheron et avec la participation d’une dizaine de professeurs du Collège de toutes disciplines (Dominique Charpin, Alain Prochiantz, Stanislas Dehaene…), d’universitaires (Benjamin Stora, Michel Agier) et d’acteurs de terrain (le directeur de l’Ofpra, le maire de Palerme)

Site du colloque

L’Administrateur Alain Prochiantz présente le colloque de rentrée 2016 “Migrations, réfugiés, exil” : “Le collège d’une France ouverte”.

Est-ce le signal qu’on assiste à un début de mobilisation des intellectuels français ?

Michel Agier. Oui, c’est un signal. Il n’est pas anodin que le Collège de France ait décidé de consacrer le thème de son colloque de rentrée à l’exil. Il y a une mobilisation parmi les chercheurs et les intellectuels, comme l’a montré ces derniers mois l’accueil de réfugiés au sein même des établissements, à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales), à Sciences-Po ou à l’ENS (Ecole normale supérieure). Mais il faut aller plus loin, dans les travaux de recherche, dans la volonté de comprendre, dans la prise de parole publique. […]

Beaucoup de mes collègues disent qu’ils n’arrivent pas à se faire entendre. La migration est systématiquement décrite en termes négatifs : «crise», «catastrophe», «invasion»… Or, c’est un phénomène de mobilité et la mobilité est la condition même de l’existence humaine. Dans un monde de plus en plus ouvert, de plus en plus de populations se déplaceront. Croire que chacun pourra rester enfermé chez soi et n’y recevoir personne est une utopie.

Quel bilan tirez-vous de l’ouverture des frontières germaniques ?

Angela Merkel a eu un geste spectaculaire, ferme, d’une grande moralité: «Nous devons le faire.» Elle a incarné à ce moment-là un discours que je défends volontiers: les migrants ne doivent plus être perçus comme un problème, mais comme une cause pour tous, au sens d’une épreuve qui nous tire en avant vers la compréhension et le désir d’un monde commun. Elle a voulu imposer sa vision au reste de l’Europe, elle qui est à la tête du pays le plus riche et le plus peuplé de l’Union. Elle n’y est pas parvenue. […]

bibliobs

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