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Extrait de l’article d’un prof :
« Qu’on me permette une anecdote personnelle alors que je débutais dans un charmant collège de Seine-Saint-Denis auréolé de tous les sigles et acronymes avantageux décernés par le ministère (ZEP, ZPV, puis APV).
J’étais peu expérimenté… Cette année-là, dès le début de mon cours sur la Shoah, je fis face à une rébellion d’une partie de la classe, mais d’un genre inédit. Pas de remarques antisémites, ni de regards suspicieux et méfiants d’élèves. Une fronde. Des jeunes filles, d’habitude plutôt discrètes, s’en font les porte-paroles gênées.

Elles m’expliquent que nombre d’entre eux ont passé leur année de CM2 à étudier le Journal d’Anne Frank, que beaucoup en faisaient encore des cauchemars, qu’ils ne voulaient plus voir “ces images horribles”, et qu’eux n’y étaient pour rien…
Renseignements pris, l’école primaire avait effectivement, mis en place un “projet Anne Frank” quelques années auparavant, dans un contexte de banalisation des propos antisémites (qu’on se gardait bien, publiquement, de lier à l’arrivée de nouveaux imams dans la maison de prière du quartier – il faut se méfier des conclusions hâtives).

Bilan de l’opération : chez les uns, dégoût profond pour cette question et refus d’y revenir ; “compétition victimaire” exacerbée chez les autres. J’ai depuis fait miennes les conclusions de G. Bensoussan dans Auschwitz en héritage, n’utilise plus Nuit et Brouillard en classe, évite au maximum le recours à l’émotion et au chantage par l’image, persuadé de son caractère contre-productif à moyen et long terme. » (source)

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